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Les Français croient-ils encore à l’égalité des chances à l’école ?

Rien n’est moins sûr… C’est en tout cas ce que révèle un sondage Ifop, réalisé pour le compte de la Fondation Kairos, dont le principal enseignement est celui-ci : les Français ne croient plus (vraiment) à l’égalité des chances à l’école, particulièrement dans les rangs des classes moyennes. Décryptage ! 

Une occasion manquée… 

Elle se présentait comme une formidable opportunité… Elle, c’est la version a minima du plan de mixité sociale à l’école, que le ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse présentait avec enthousiasme. Seulement voilà, ce projet prioritaire pour Pap Ndiaye n’est plus qu’une coquille vide, sans véritable substance. La preuve avec cette révélation du sondage Ifop pour la Fondation Kairos : 60 % des Français pensent que les enfants n’ont pas les mêmes chances à l’école. Ce taux grimpe à 64 % chez les classes moyennes, à la fois inférieures (revenus de 1 300 à 1 900 euros par mois) et supérieures (revenus de 1 900 à 2 500 euros par mois). On note toutefois un brin d’optimisme aux deux extrémités du spectre, les plus nantis étant 50 % à ne pas croire à l’égalité des chances à l’école, et 54 % chez les plus pauvres.

Le même sondage nous apprend que 56 % des Français voteraient en faveur de la suppression de la carte scolaire, mais aussi d’une prise en charge de la totalité des frais de scolarité pour les Français les plus défavorisés. Concrètement, plus de la moitié des sondés seraient favorable au système anglo-saxon des « vouchers », ce qui leur permettrait d’aller plus facilement vers le privé. Dans le détail, seuls 25 % des Français voudraient scolariser tous les enfants dans un système unique, et seulement 15 % à être favorable à l’imposition de quotas qui obligeraient les meilleurs établissements à intégrer des élèves d’origines sociales diverses, et de différents niveaux. 

L’école républicaine laïque, gratuite et égalitaire : un mythe ? 

A l’origine de ce sondage Ifop, Anne Coffinier, fondatrice de la Fondation Kairos pour l’innovation éducative – Institut de France, mais aussi diplomate. Pour elle, l’école égalitaire n’est ni plus ni moins qu’un mythe : «L’idée d’une école égalitaire est belle, et on a tous envie d’y croire. Mais on voit bien que cela ne fonctionne pas. La publication des indices de position sociale [IPS] en est la dernière preuve. Il serait temps de l’admettre et de s’interroger sur d’autres manière d’instaurer une égalité des chances entre tous les élèves », explique-t-elle. 

Dès lors, toute la question est comment faire ? Première mesure : supprimer la carte scolaire, jugée trop limitatrice du choix des parents, surtout les moins favorisés, ou encore ceux d’enfants en situation de handicap. Il faudrait également penser à mettre en place des dispositifs qui permettraient une prise en charge étatique des frais de scolarité des enfants dans une école privée. Et surprise : le sondage Ifop révèle que la majorité des Français verraient ces mesures d’un bon œil.

« Notre école est championne des inégalités »

Le constat est sans appel, et il est signé Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop : « Plus qu’ailleurs, la position sociale des parents y détermine les parcours scolaires des élèves », poursuit-il, rappelant ce constat récurrent, sans cesse mis en lumière par toutes les parutions de l’étude de référence en matière d’éducation, Pisa.

Pourtant, des associations comme la Fondation Culture & Diversité ou encore le think tank VersLeHaut œuvrent d’arrache-pied à créer, préserver et maintenir cette égalité des chances. Mais visiblement, cela ne suffit pas, notamment en raison des grosses disparités qui existent entre les établissements. C’est ainsi que les parents usent d’un subterfuge, pour peu qu’ils en aient les moyens, en évitant les établissements moins bien classés, que ce soit en déménageant, ou même en allant dans le privé ! Pendant ce temps, les familles plus vulnérables se voient obligées de rester dans des établissements mal classés

Or, ce sont précisément ces regroupements qui « boostent » les inégalités à l’école, et pour cause : « Ensemble, les bons élèves sont meilleurs et les moins bons sont moins bons », explique Jérôme Fourquet. « La publication des indices de position sociale (IPS), ces indicateurs qui permettent de déterminer le profil social des établissements publics et privés, ne permet plus de l’ignorer. Le fait que 4 Français sur 10 y croient encore est presque plus étonnant finalement », poursuit-il. 

Même son de cloche du côté de François Dubet, sociologue spécialiste de l’éducation et professeur à l’université Bordeaux-2 : « A partir du moment où vous souhaitez amener 80 % d’une classe d’âge au bac, puis jusqu’au master, vous accroissez la compétition entre les élèves. Dans ce contexte, parce qu’ils souhaitent le meilleur pour leur enfant, les parents qui le peuvent vont tout faire pour éviter les établissements les moins bons. En clair, si tout le monde déplore ces inégalités, il n’est pas certain que tout le monde ait réellement envie de les réduire ». 

Ecole égalitaire : les classes moyennes n’y croient plus !

Nous vous le disions, 64 % des Français des classes moyennes inférieures et supérieures ne croient plus à l’égalité des chances à l’école. En parallèle, rappelons que les plus pauvres ne sont « que » 50 % à ne pas y croire, contre 58 % chez les plus riches. A quoi tient cet écart de perception ? Pour François Dubet, « il suffit, pour le comprendre, de regarder où chaque catégorie scolarise son enfant ». En effet, les classes sociales favorisées vivent généralement dans les « bons » quartiers, où les établissements du secteur sont généralement qualitatifs. De plus, ils ont les moyens de compenser avec des activités parallèles, notamment les cours du soir ou encore les séjours linguistiques. 

En revanche, chez les plus modestes, on accorde une grande importance à l’école, perçue comme un ascenseur social. Ajoutez à cela le fait que ces « gens d’en bas » ne maîtrisent pas forcément les tenants et aboutissants de la carte scolaire, et encore moins des différences entre établissements. Souvent, ils vont, comme par réflexe, scolariser leurs enfants dans l’établissement de secteur. Entre les deux, les classes moyennes n’ont ni les moyens des plus riches, ni la crédulité des plus pauvres. Elles doivent donc trouver des stratégies de contournement (déménagement, dérogation…) et, quand cela ne suffit pas, elles n’ont d’autres choix que d’aller dans le privé, malgré les sacrifices financiers que cela leur impose !

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